Miss Univers

Juillet 2017. Avec ma fille nous avons prévu de rendre visite à mon frère qui habite au Canada. Et comme cela fait plusieurs mois qu’Agathe me tanne pour aller aussi à New York, je finis par lui proposer d’y passer avant d’aller voir son oncle. Nous voilà donc, cet été 2017, tous les deux dans la grosse pomme pour quelques jours, le père et la fille ; des vacances qui s’annoncent formidables !

Le jour de notre arrivée, on prend le temps de s’installer à l’hôtel, puis je demande à Agathe ce qu’elle veut faire le lendemain. Elle me répond qu’elle ne sait pas trop, mais qu’il y a une chose qu’elle veut faire absolument : descendre la cinquième avenue à pied ! Un peu surpris, je lui dis que la cinquième avenue fait plus de dix kilomètres de long, que ça va prendre des heures et qu’il y a plein d’autres choses à faire à New York. Mais elle insiste : elle veut faire ça. Pourquoi ? Agathe me répond, en toute candeur, qu’elle veut voir Miss Univers…

Là je dois faire une drôle de tête parce que ma fille chérie m’explique que les Miss Univers ont un appartement sur la cinquième avenue, et que la Miss en titre y loge pour l’année. Et comme Agathe veut absolument la voir, nous n’avons pas d’autre choix que d’arpenter la fameuse avenue pour la rencontrer. Quelque peu étonné, je finis par lui proposer d’en faire une première partie le lendemain, en disant qu’on verra bien jusqu’où on arrive, et qu’on fera la suite plus tard. Agathe accepte l’idée. De mon côté je me dis qu’on sera bien chanceux si on arrive ne serait-ce qu’à entrapercevoir la Miss en question.

C’est ainsi que le lendemain, nous voilà partis, à arpenter la cinquième avenue à la recherche de Miss Univers, sachant que ma fille n’a, bien évidemment, ni son adresse, ni même de photo de la façade de l’immeuble en question. Mais bon, une promesse est une promesse ; c’est fun New York, non ?

Au bout de plusieurs heures de marche, je finis par dire à Agathe qu’on va s’arrêter là pour aujourd’hui, en lui faisant comprendre qu’arpenter la cinquième avenue c’est sympa, mais que ce serait bien de découvrir d’autres lieux aussi. Nous passons donc le restant de la journée à nous balader dans Central Park, et à regarder des danseurs de hip-hop faire leur show dans la rue.

Le lendemain, on s’apprête à entamer notre deuxième journée quand j’ai l’idée de proposer à ma fille de passer la matinée à Brooklyn, en lui promettant de reprendre ensuite la cinquième avenue là où on en était la veille. Elle accepte avec le sourire, ce qui nous permet de découvrir un autre quartier de NY.

On passe quelques heures à Brooklyn. Il fait beau, l’ambiance est très agréable et on profite un maximum de ce moment de vacances.

En début d’après-midi, nous décidons d’emprunter le fameux pont de Brooklyn.
Il est environ treize heures et je marche tranquillement sur le pont, tête baissée, en regardant le sol. Je dois rêvasser, ou penser à je-ne-sais-quoi, quand je vois passer des pieds de jeune femme qui me doublent, chaussés de baskets roses et blanches aux lacets très « girly ». Ces chaussures m’interpellent. Je m’apprête aussitôt à me tourner vers Agathe pour lui dire de regarder, quand soudain j’aperçois le visage de la jeune femme et la reconnais : c’est Miss Univers !

À peine le temps de réagir, que je réalise qu’Agathe vient également de la voir. « C’est Miss Univers ! C’est Miss Univers ! » répète-t-elle, à la fois enthousiaste et intimidée. Je lui dis alors d’aller la voir pour échanger quelques mots, faire une photo, surtout qu’elle a l’air très abordable. Mais Agathe ne veut pas y aller, elle flippe complètement parce que – je le comprends sur le coup – c’est un moment très important pour elle.

J’insiste et Agathe finit par se lancer. Elle l’interpelle, Miss Univers se retourne, tout sourire, et nous engageons très naturellement la conversation. Elle se montre très sympa et ravie de rencontrer des Français. On discute quelques instants, je les prends en photo. Miss Univers nous remercie et reprend sa promenade sur le pont.

À ce moment-là, je me retourne vers ma fille et la découvre en état de choc. Elle pleure, elle tremble, elle ne sait plus où elle en est. Mais c’est un état très positif. Elle est aux anges et semble intégrer quelque chose d’important. Je lui dis : « Tu sais Agathe, ce que tu viens de vivre, c’est une synchro ! » Elle me dit qu’elle en a déjà entendu parler. Sauf que là elle vient d’en vivre une en direct, la prenant de plein fouet.

C’est à ce moment-là que je vois dans ses yeux – et c’est peut-être ce dont je me souviens le plus dans cette histoire – qu’elle réalise que la vie, c’est magique. Qu’il est possible de réaliser ses rêves. Et que parfois ça peut se faire comme ça, très simplement. En ayant confiance, en lâchant prise, tout en gardant ses objectifs.

Cette rencontre entre Agathe et Miss Univers est l’un des très nombreux exemples qui le prouve. En prime, pour moi, ce fut un très grand moment avec ma fille…

Comme le disait C.G. Jung quand il a défini et formalisé la notion de synchronicité, toute intuition est une synchro et toute synchro implique de l’intuition.
Dans cette belle aventure, il y a certainement eu plusieurs moments intuitifs : quand Agathe a l’idée d’aller à New York pour rencontrer Miss Univers (celle-ci étant très souvent en tournée à l’étranger), quand me vient l’idée de commencer par Brooklyn le deuxième jour, et enfin quand Miss Univers décide d’aller se promener sur le pont ce jour-là.

La synchronicité est un beau terrain de jeu pour étudier et vivre des intuitions. Et inversement, l’intuition est un formidable champ d’exploration pour mieux comprendre les synchronicités. C’est-à-dire comment se forgent et se déploient les liens entre nos pensées, nos consciences et tout ce qui est.

Ah oui !, j’allais oublier : le prénom de Mlle Mittenaere, Miss 2017, est Iris.
Il fallait bien un dernier clin d’œil de l’univers pour parfaire ces instants magiques.